Home > Actualités > 6 NOVEMBRE, LA PRISE DE LA BASSINE... de la Honte
Partager :
EAU
11.11.2021

6 NOVEMBRE, LA PRISE DE LA BASSINE... de la Honte

11.11.2021 - Mauzé sur le Mignon.
Le 6 novembre à Mauzé sur le Mignon, rebaptisée Mauzé sur Bassines, nous étions près de 3000 à revendiquer l'eau pour ce qu'elle est : un bien commun.
Méga-bassines : nouvel outil du modèle agro-industriel
 
Quelle utilisation de l'eau pour quelle agriculture ? C'est bien la question du modèle agricole que posent ces méga-bassines. C'est le sens du combat de la Confédération paysanne qui défend une irrigation en lien avec les écosystèmes, qui répartit équitablement et durablement la ressource en eau, au service d'une agriculture paysanne relocalisée, dense en emplois et productrice d'une alimentation de qualité accessible à toutes et tous.

Ce sont donc des centaines de paysannes et paysans, venus de toute la France, éleveurs, maraichers, irrigants ou non, qui ont convergé ce 6 novembre à Mauzé-sur-le-Mignon, avec plus de 3000 personnes et 25 tracteurs. Rien à voir avec le scénario simpliste d'un affrontement entre « écolos et agriculteurs » ou la caricature d'une Confédération paysanne « opposée à l'irrigation » portée par la FNSEA* et consorts. La détermination de la mobilisation de ce week-end s'est incarnée par le démontage des installations de pompage d'une méga-bassine de 5 hectares située en Charente-Maritime.

Contrairement à ce que répètent en boucle leurs promoteurs, y compris le gouvernement, les méga-bassines sont remplies principalement par des systèmes de pompage dans les nappes phréatiques et les cours d'eau. Il ne s'agit donc absolument pas de récupérer seulement une eau « qui tombe » mais bien d'aller chercher l'eau dans ses espaces naturels de stockage. De plus, l'eau stockée à l'air libre dans ces méga-bassines devient stagnante et subit donc un phénomène d'évapotranspiration. Un non-sens quand on sait que le stockage naturel dans les nappes phréatiques ne coûte rien et préserve la qualité et la quantité de l'eau.

Appelées « réserves de substitution » par leurs partisans, ces méga-bassines sont présentées comme des ouvrages qui permettraient de diminuer la pression sur la ressource en eau en « substituant » des pompages de printemps/été par des pompages d'hiver. Or pomper en hiver n'empêche pas de créer une pression sur la ressource. Avec une pluviométrie parfois insuffisante et un rechargement des nappes de plus en plus tardif, la pression exercée par le remplissage des méga-bassines sur la capacité des milieux aquatiques à se renouveler est énorme. C'est cette privatisation de la ressource en eau au profit d'une minorité, qui met en difficulté tous les autres agriculteurs et compromet de nouvelles installations, que nous dénonçons.

De plus, cet accaparement est majoritairement financé par des fonds publics – 70% s'agissant du projet de Mauzé-sur-le-Mignon - au profit de la pérennisation du modèle agro-industriel en place. Le premier enjeu est donc bien revoir ce modèle simplifié, dévastateur et extrêmement gourmand en eau et non de poser une rustine sur un schéma sans avenir.

Nous réclamons donc l'arrêt immédiat de la construction de ces méga-bassines.


 

Ce message devait être porté en conférence de presse devant le Ministère de l'agriculture, mais ce dernier a choisi l'intimidation.

 

Après les insultes, les intimidations et les appels de la FNSEA* à « déchoir » la Confédération paysanne de sa représentativité syndicale, un cran supplémentaire a été franchi cet après-midi : la Confédération paysanne vient d'être empêchée par les forces de l'ordre de tenir un point presse devant le ministère de l'Agriculture.

Un recours à la force publique inédit et scandaleux pour empêcher un syndicat agricole national de s'exprimer. Les membres du secrétariat national ont ainsi été forcés de quitter les lieux et contraints sous escorte policière de rejoindre le métro. Piètre vision du dialogue social !

 

Il s'agissait de présenter à la presse nos demandes urgentes au Ministre de l'agriculture après la mobilisation contre les méga-bassines, le week-end dernier en Deux-Sèvres et en Charente-Maritime. Ces demandes sont au nombre de trois :

- faire respecter la décision du tribunal administratif de Poitiers de 2018 annulant l'autorisation préfectorale de fonctionnement des bassines de Charente-Maritime, dont Cram-Chaban. Depuis cette date, leur fonctionnement est bien illégal. (Détail dans le dossier de presse ci-joint).

- Suspension de tous les travaux et projets de méga-bassines en cours, tant que des recours juridiques sont en cours en France et en Europe. Une procédure pétitionnaire a été ouverte par la Commission des pétitions du Parlement européen quant à la conformité de ces projets de méga-bassines avec 3 directives européennes (Eau, oiseaux et habitats). Le gouvernement ne peut passer ainsi en force.

- Engager immédiatement une concertation de tous les acteurs du territoire sur l'adaptation du modèle agricole aux ressources disponibles et non l'inverse. Ce qui n'a pas été fait dans le Varenne de l'eau, temple des fausses solutions.

Le secrétariat national de la Confédération paysanne voulait aussi remettre au Ministre un morceau de la pompe de Cram-Chaban pour lui faire la démonstration que ces méga-bassines sont bien alimentées par le pompage de la nappe phréatique et pas par la récupération des eaux de pluie. Il est temps que cesse ce mensonge des promoteurs des méga-bassines. Le Ministre a fait en sorte que la démonstration ne soit pas faite sous les yeux de la presse. Nous lui avons donc demandé de nous recevoir en urgence.

Ces pressions n'entament en rien notre détermination. La Confédération paysanne n'est pas contre l'irrigation. L'accès à l'eau en agriculture doit soutenir prioritairement les productions locales pour l'alimentation humaine, l'élevage paysan et des productions agricoles à forte valeur ajoutée et intensives en emplois. Les méga-bassines sont une fausse solution face au changement climatique qui enferme les paysans.nes dans un système agricole dont ils sont les premières victimes.



NOUS CONTACTER Confédération paysanne de la Lozère